» Le Lyonnais » série policière française diffusée en 1990 sur antenne 2 . Episode 4 sur 9 » Taggers » . Avec #JoeyStarr , #Marcoprince , #Rockinsquat et #Solo , #GuilaumeDepardieu .
AU DÉBUT des années 1990, les banlieues lyonnaises sont la proie de graves émeutes. La ville de Vaulx-en-Velin ou le quartier des Minguettes deviennent des symboles négatifs, synonymes d’insécurité et de misère sociale.
C’est dans ce contexte que naît la série policière ‘ Le Lyonnais ‘, qui met en scène Selim Rey, un flic d’origine maghrébine interprété par Kader Boukhanef. Intitulé Taggers et réalisé par Cyril Collard (le cinéaste des Nuits fauves ), l’épisode présenté ce soir est l’un des neuf volets produits en 1990.
L’inspecteur Selim s’y voit confier une enquête sur un meurtre dans le milieu très fermé des graffeurs de la banlieue lyonnaise. Racisme, intolérance, drogue, violences policières, amour impossible, hip-hop, font partie des thèmes abordés dans cette fiction qui n’évite pas les maladresses ni la caricature.
De plus, la description de l’univers banlieusard a très mal vieilli. Bref, on n’y croit pas une seconde. Taggers reste cependant une curiosité qui permet de voir Guillaume Depardieu à ses débuts, ainsi que les chanteurs Rachid Taha et Marco Princen du groupe de rock FFF, ou le rappeur Joey Starr, de NTM.
«Taggers» est un téléfilm de commande, pour une série, » Le Lyonnais » série policière française, dont les principes sont bien établis: un commissaire, Morphée (Pierre Santini), un inspecteur d’origine maghrébine, Selim (Kader Boukhanef), et une affaire policière qu’ils sont chargés d’élucider sous la houlette de leur patron, Mazars (Bernard Freyd).
N’empêche que, dans ce cadre imposé, Cyril Collard a imprimé sa patte, sa manière quasi brutale de filmer à vif, de regarder la vie avec acuité pour la capter et la traduire à l’image. Mais aussi avec une curiosité compréhensive, une empathie tendre pour ceux qui sont blessés au plus profond d’eux-mêmes.
C’est ainsi qu’il a privilégié le rôle de l’inspecteur Selim et lui a donné une intensité qu’il n’a pas dans les autres téléfilms de la série. Parce que, cette fois, le jeune flic est chargé d’enquêter dans un milieu de jeunes qui ont beaucoup à voir avec lui, même s’il a choisi une vie complètement différente. Selim va être plongé dans le milieu des «Zoulous» lyonnais. Des garçons de banlieue, sans perspectives et qui s’expriment par le musique, le rap et les tags, ces signatures de leurs surnoms qui sont leur manière de dire qu’ils existent. Pour éviter peut-être ce vide, cet ennui qui peut donner envie de tuer, comme dit l’un des personnages du téléfilm.
Dans le squatt où se réunissent les Magical Killers, l’harmonie ne règne pas. Zina, la «reine» Zina, perd de son influence. Cette belle fille noire aime Jean, un éducateur de l’assistance sociale qui a pénétré le milieu pour tenter qu’il ne dérive pas vers la violence et la drogue. Zina est contre «la racaille». Son frère, Booker, n’est pas du même avis: il se drogue et il «deale». Et la troupe s’enfonce dans la violence. C’est le diable qui arme les fusils, Booker, dit Zina à son frère.
Zina est enceinte de Velvet, son précédent amant, un jeune garçon blond, sous l’influence de Booker. Elle ne veut pas de son enfant et le lui dit. Velvet se vengera de cet affront en tuant Jean d’un coup de couteau. Zina connaît l’auteur du crime et se cache de la police pour ne pas le dénoncer.
Selim décide de jouer les journalistes de «Libé» pour découvrir l’assassin. Il prend prétexte d’un reportage sur les «taggers». Son chef, Morphée, lui fait confiance. Pierre Santini s’est accommodé à merveille du rôle secondaire que lui a fait jouer Collard. Mieux, son personnage prend de ce fait une épaisseur inattendue.
C’est le petit Paco – un jeune Gitan remarquablement doué pour la guitare et qu’on retrouve dans «Les Nuits fauves» – qui va lui ouvrir les portes en le faisant passer pour le petit ami de Célia, une jeune femme liée aux «taggers» et dont il tombera amoureux.
Confronté à un monde qui lui est étranger, Selim laissera tomber un certain nombre de ses certitudes. Les frontières entre «les bons» et «les méchants» ne lui apparaîtront plus comme aussi simples. Il se sentira des liens avec ces garçons qui, comme lui, sont issus d’un peuple qui a beaucoup souffert. Ce qui ne simplifiera pas sa tâche de flic.
Peu importe, au fond, les méandres de l’intrigue policière. «Tagueurs», c’est surtout un pas dans la connaissance d’un milieu très replié sur lui-même. Et que Cyril Collard est parvenu à appréhender.
JACQUELINE BEAULIEU
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